Daniela
Dec 8, 2022

Un Paris (non)sentimental - Erasmus à Paris

Romania
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Paris
6 min read

Je suis Daniela, étudiante en Design à Paris 1 Panthéon-Sorbonne et j'ai une relation ambivalente avec Paris. Je le déteste, puis je l'aime. C'est comme l'amour dans un fauteuil à bascule. Comme un amant avec qui tu ne peux même pas rompre, mais tu n'as pas non plus la certitude de son amour, qui te réconforterait. C'est cet aimant mystérieux que j'adore !

Maintenant je suis étudiante en 1ère année de Master, mais ma relation avec Paris a commencé en 2020 par la pensée : pourquoi pas ? Pourquoi ne pas passer par le programme Erasmus à Paris ? À ce moment là , j'étais étudiante en Roumanie à l'Université Nationale des Arts „George Enescu” à Iași, et l'idée de partir dans la ville de la culture, de l'art, de l'histoire, de la philosophie et de l'amour me semblait séduisante.


Que l'aventure commence ...

20 janvier 2021, 8h25 Aéroport de Iasi. Yeux en larmes. Incertitudes, mouchoirs et peur. Je viens de dire au revoir à mes proches. Dans ma tête mille pensées, émotions, attentes, peurs. Comment ça sera)? Qu'est-ce qui m'attend ? Ai-je pris la bonne décision ? J'essaie de me calmer, c'est une chance extraordinaire, une expérience fascinante.

10h45. Je suis arrivée à l'aéroport de Bucarest. J'ai une escale. J'en ai encore un peu et j'arrives. Mais était-ce vraiment nécessaire ?

15h30. Aéroport Charles de Gaulle, Paris. Nous atterrissons. Moi et ma petite valise rouge. Un mélange de peur et d'excitation me submerge. Je vais chercher mon autre valise. Je la retrouve avec le manche irrémédiablement abîmé. Tout se complique encore lorsque j'essaie de trouver la sortie de l'aéroport labyrinthique. Bien sûr, mon réseau ne capte pas bien non plus. Je décide de me fier à l'intuition et à la signalisation, car je comprends que les 12 années d'école pendant lesquelles j'ai appris le français ne me sont d'aucune aide devant les 10 mots par seconde, qui sonnent comme un seul quand j'essaie de demander à quelqu'un de m'aider. Au final je me vois sortir de la " fourmilière" omnivore, Charles de Gaulle et chercher le bus sauveur qui doit m'emmener à la Porte Maillot. Je découvre qu'il n'y a pas de bus qui va vers cette destination, alors je m'en remets au destin et prends le seul bus qui va à l'Opéra de Paris.

17h10. Je me rapproche de ma destination. Une connaissance de la famille me récupère. Je reste chez eux aujourd'hui. En chemin, je réussis à admirer l'Opéra Garnier de dos et même à voir la légendaire Tour Eiffel. Quelle beauté ! Cela ressemble toujours à un rêve ! 18h38. Je suis déjà à table. J'ai très faim et je suis fatiguée. Je ne me souviens pas du contenu des plats, mais cela n'a pas d'importance pour cette étape non plus. Paris me suffit.


Première rencontre avec le métro

21 janvier 2021, 8h49. Je dois aller chercher le guide pour les étudiants internationaux. Je n'ai jamais voyagé en métro, mais il y a un début à tout. Je ressemble à un extraterrestre torpillé dans le nombril de la foire. J'essaie de savoir quelle direction je dois prendre. Je m'approche d'un homme qui semble plus bienveillant pour lui demander de m'aider. Je lui parle en français, mais soit parce que je n'ai aucun talent pour parler français, soit par désir de pratiquer un peu une autre langue, il me répond en anglais. À ce moment-là, je comprends ce qui pourrait être pire que l'expérience linguistique à l'aéroport. Je le remercie et je continue à me débrouiller toute seule en arpentant les dédales de Paris.

10h50. J'ai récupéré mon guide. Il pleut. J'ai vu les premières queues canines parisiennes pelucheuses. Pour la première fois, je vois une telle race de chiens. Je rentre chez moi avec la pluie dans mes bottes. Ça va. Demain j'ai une mission importante, je dois m'installer dans la résidence.



Le fil d'Ariane à Paris

22 janvier 2021. Le jour où j'ai dû affronter la bureaucratie française. Visa, assurance, rendez-vous, contrats... Et tout ça pour pouvoir entrer dans ma pauvre chambre de dortoir, qui me semblait déjà comme un rêve inaccessible. Puis, sans parler de mon histoire d'un an avec la CAF ou des quelques mois d'ouverture d'un compte bancaire et d'obtention d'une carte ou de recherche d'un opérateur de téléphonie mobile qui ne vous oblige pas à vous engager pour deux vies auparavant. Je me sentais comme un personnage de conte de fées, soumis à toutes les épreuves possibles pour prouver sa résilience. Et je n'avais pas l'intention d'abandonner. En tout cas, une fois que je me suis vue installée dans mon studio sur la rue Vaugirard, meublé de façon moderne avec un balcon et une vue magnifique, je me suis sentie beaucoup mieux. Jusqu'au soir, où j'étais coincée entre quatre murs et me sentais plus seule que jamais. Il y avait aussi la période de confinement, où l'on ne pouvait pas sortir après 18 heures. En tant qu'étudiante Erasmus, je devais encore passer des examens pour terminer le semestre à l'université de Roumanie. Tout cela, bien sûr, alors que je commençais des cours à la Sorbonne. Le rêve devenait réalité. Et Arianne sortait du labyrinthe.


Université ... avec optimisme... vers les étoiles


25 janvier 2021, 16h30. En parlant d'université, je suis en route pour mon premier cours en présentiel. Des visages souriants, de doux chiots, des boîtes en carton, des arômes de café. Je découvre qu'il n'y a que 18 minutes à pied entre ma résidence et l'université. Une telle chose est-elle possible à Paris ? Je pense que j'ai eu beaucoup de chance. "Questionner le dessin" - le premier TD. Je ne pense pas avoir bien rempli la mission, mais j'aime faire quelque chose que je n'ai pas fait depuis longtemps, dessiner. Et j'ai dessiné ce qui m'est venu à la première inspiration. Et comme l'inspiration n’était pas au rendez vous, j'ai aussi pris une note, pas du tout inspirée. Mais je me suis déjà préparée moralement au système de notation français, qui ne me semble pas optimiste.

18h32. Je viens de sortir de l'université. Je peux voir la Tour d'ici. Elle me sourit d'un air ironique. Merci au centre Saint-Charles, qui se trouve dans le 15e arrondissement. J'ai aussi l'avantage de pouvoir me promener jusqu'à la maison après 18 heures. Je pense que Paris commence à être plus clémente avec moi. Et c'est tant mieux !



26 janvier 2021. Je fais la queue à Carrefour. J'entends une fille parler roumain - ma langue maternelle. J'attends qu'elle finisse de parler au téléphone et sans hésiter je la salue. Pas plus de 5 minutes passent et nous voilà en train d'acheter du vin et du fromage et de nous en aller vers sa maison. Il y a déjà pratiquement deux ans maintenant et nous sommes toujours amies.


27 janvier, 17h04. J'applique du ketchup avec mes mains pour dessiner un arbre. Sans blague. Qu'est-ce qu’on ne fait pas pour l'art ! Tu peux le manger aussi, si besoin.

18h23. Je marche dans les rues éclairées et je me sens comme le personnage principal d'un film. Je me demande comment je suis arrivée dans cette ville. Je commence à me sentir de plus en plus libre ici. Paris commence à me faire tomber amoureuse de lui petit à petit et qui sait, peut-être il finira par tomber amoureux de moi. Je reste optimiste !


28 janvier, 11h25. Aujourd'hui je découvre l'avantage d'avoir moins de 26 ans (un des). Plus précisément, j'apprends que je peux obtenir un billet gratuit pour visiter le Louvre. Et cela vaut également pour de nombreux autres musées. Malheureusement, ils sont tous fermés à cause de la pandémie. Je ne m'arrête pas là. Je passe par les Jardins des Tuileries et aboutis à la Place de la Concorde, puis au Pont Alexandre III. Voilà, je suis conquise. Oui, dans moins d'une semaine. Que puis-je faire, c'est Paris, un vrai Don Juan. Séduisant, mystérieux, glissant, jovial !

29 janvier. Si j’ai bien parlé d’une relation ambivalente, le revirement d'hier ne s'est pas fait attendre. J'ai passé deux heures et demie (dans les) transports aujourd'hui. Et non, je ne suis pas sortie de la ville, j'avais juste besoin de traverser un peu Paris. J'ai goûté des macarons et j'ai pris mon temps. J'adore la cuisine française.



Présent

5 janvier 2022, 20h54. Combien d'émotions m'enveloppent en ce moment. Je revis ces moments chaleureux du début. Mais ce qui me rend le plus heureuse, c'est que j'écris cet article depuis mon studio à Paris, qui n'est plus un inconnu froid, mais une seconde maison. Je sens que s'est construite entre nous une relation qui n'est plus à sens unique...

Merci d'avoir lu mon histoire. Une authentique. Qui a été vécue à travers chaque pore. Si vous avez aimé n'hésitez pas à laisser un like ou un commentaire et je vous attendrai sur ma page d’Instagram (@dana.vrabie) où je poste les expositions, musées et autres lieux que vous pourriez aimer à Paris, qui est maintenant le mien aussi...



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